10 jeunes soldats français ont été tués en Afghanistan. Cette tragédie nous fait prendre conscience de l'inestimable prix d'une vie humaine. Je regrette que lorsqu'il s'agit de talibans tués, notre compassion soit proche de 0. Le statut éventuel de martyre ne doit effacer beaucoup la souffrance et la peur de mourir, on reste toujours des hommes. Qu'est-ce que ça fait de recevoir des bombes? Et je ne parle pas des civils. Hé oui! La guerre de part et d'autre, ce n'est pas une partie de plaisir, qu'on se le dise. En France heureusement il faut de solides raisons pour "mourir pour la nation". Il reste aux autorités à accréditer le mythe de la "guerre juste". Mais c'est en fait une guerre de vengeance des Etats-Unis qui ne font pas dans le détail. Qu'ils arrêtent leurs guerres et fassent confiance à la Cour pénale internationale, pour la poursuite des criminels recherchés, ce qui renforcera la légitimité de ce tribunal, et leur permettra de retrouver leur crédibilité aux yeux du monde. Oui à la justice, non à la vengeance. De plus il est faux de penser que des droits de l'homme et une démocratie peuvent s'établir durablement dans un pays en guerre. Rendons l'Afghanistan aux afghans, retirons nos troupes et faisons la promotion de nos valeurs de civilisation par voie diplomatique. On n'éclaire pas les consciences à coups de canon.
Jean Pierre Simon
Publié par Marianne le 6 septembre 2008
et par Le Monde du 28-29 septembre 2008
Sur ce même sujet, ci-après 3 courriers de tierces personnes.
S'agissant de l'Afghanistan le premier ministre a affirmé :"La France n'est nullement en guerre". Cela rappelle à nombre d'entre nous que, pendant quatre longues années la France prétendait mener des "opérations de pacifications" en Algérie, alors que des soldats mourraient dans des combats acharnés dans le djebel. Mais alors, qu'est-ce que la guerre? Et en l'occurrence, quand considérera-t-on que l'armée afghane sera à même d'assurer la sécurité de son propre territoire et de se passer de ce qu'il faut bien appeler une occupation étrangère? En outre, les opérations militaires menées en Afghanistan et en Irak "pour assurer la paix", nous dit-on, ont-elles fait régresser un tant soit peu les actes terroristes à travers le monde? Après tant d'années de vains efforts, ne serait-il pas temps enfin de réfléchir à un véritable changement de stratégie?
Roger Rossi
Longjumeau
Publié dans Marianne du 06 septembre 2008
Bourbier
Jacques Chirac avait eu la sagesse d'épargner à nos soldats un sacrifice inutile en Irak et avait refusé de les surexposer en Afghanistan. Il est regrettable n'ait pas suivi la même voie. Aujourd'hui, le bilan de six années de guerre contre le terrorisme est accablant : les occidentaux ont déjà sacrifié deux fois plus de soldats qu'il y a eu de victimes dans l'attentat du World Trade Center! Sans parler des 25 000 blessés dont la vie est définitivement brisée.
Où est la victoire? L'Irak n'est plus qu'un champ de ruines livré à la guérilla interethnique, à la corruption généralisée, au racket et aux attentats quotidiens. Quant à l'Afghanistan, entièrement repassé sous le contrôle des talibans, il s'est transformé en piège infernal pour les soldats de la coalition occidentale, sans le moindre espoir de sortir la tête haute de ce bourbier. Il n'y a que nos fins stratèges pour croire qu'on peut régner à Kaboul avec 70 000 hommes alors que les russes ont échoué avec un contingent de 300 000 soldats. Ce qui se profile à l'horizon est un véritable désastre ; l'Irak sera un jour une république islamique chiite, et l'Afghanistan retournera au moyen âge, ce n'est qu'une question de temps. Et des milliers seront morts pour rien.
Jacques Guillemain
Versailles
Publié dans Le Monde du 31 août 2008
La guerre ou la paix
Guerre ingagnable selon les uns, imperdable selon les autres…Je ne sais pas comment on gagne une guerre, mais je sais qu'il y a deux façons de la perdre, l'une est de la perdre, être vaincu, victime ; l'autre est de la gagner, être vainqueur, bourreau, et porter la responsabilité de toutes les souffrances de toutes les victimes.(…) Alors retirons-nous. La guerre ne résout jamais rien. Et puis cela nous évitera de perdre encore une fois.
Denis Monod-Broca-Broca
Paris
Publié dans Le Monde du 31 août 2008